Autoroute : un avis favorable et l’alternative reste à construire

Champagne pour les uns, soupe à la grimace pour les autres, l’issue de l’enquête publique sur l’autoroute Castres Toulouse nous parle de la France d’aujourd’hui. Il y a les vainqueurs, les vaincus, les règlements de compte et la revanche qui se préparent, à coup de blocage ici, de manifestation là, de vote, de ZAD… Le corps social dans son ensemble semble ne plus se parler. Pourtant, toutes les instances, tous les organismes, toutes les représentations ont fonctionné : les urnes, les débats publics, les consultations, les commissions, les corps intermédiaires. Et au final, une décision radicalement outrageuse: l’autoroute. La même violence aurait été atteinte si la décision finale avait été : « on ne fait rien sur cette route ». Où est la position qui résulte du compromis et qui permet à chacun d’adhérer pour tout ou parti, et de se retrouver comme un acteur de sa vie sociale, et pas prisonnier d’une idée qu’il se fait de la grandeur de son territoire ou de sa propre grandeur ou propre puissance ? Tout reste donc à faire et dans ce contexte le projet écologiste prend tout son sens. L’opposition au projet autoroutier reste entière : c’est une erreur collective qu’il faut continuer de mettre en lumière. Mais nous ne reléguons pas pour autant les proautoroutes au rang d’adversaires. Au-delà des prises de parole de certains « chefs » d’entreprise, d’institutions, de nombreuses personnes n’adhèrent au projet d’autoroute que par défaut, parce qu’on ne leur propose rien d’autre d’acceptable. L’aménagement sur place de la RN 126 pourrait être ce compromis acceptable, un aménagement conséquent de la route, d’une bonne efficacité, impactant mais moins que l’autoroute. Il nous reste donc beaucoup de travail d’explication et l’optimisme reste de rigueur. En effet, ces derniers temps tous les pronostics sont déjoués. Dans le Tarn par exemple, les sondeurs nous disent que 80 % des personnes sont pour l’autoroute (26% l’utiliseraient…) et c’est Benoit Hamon qui sort vainqueur de la primaire de la gauche avec un projet aux accents écologistes affirmés. La réalité bouge parfois plus vite que les vieux discours et l’adhésion peut se faire pourvu que chacun puisse se reconnaitre dans un avenir désirable et apaisé. La possibilité de se retirer du pied l’épine nommée « autoroute » reste intacte. Stéphane Deleforge Porte-parole EELV Tarn