Conflit riverains circuit : le préfet baisse le son

À l’initiative du préfet Jean-Michel Mougard, une réunion a rassemblé, lundi après-midi, les différents intervenants du dossier qui met aux prises les riverains et les gestionnaires du circuit depuis plusieurs années déjà. En cause : le bruit généré par l’anneau albigeois. Il y avait là Didier Sirgue et Grégor Raymondis, son directeur général côté circuit, Michel Ricard, au nom de l’association des riverains, le maire du Séquestre Gérard Poujade, les représentants de l’Agence régionale de santé et des techniciens. Invitée, la mairie d’Albi avait déclaré forfait. Cette réunion avait pour objet d’entendre les différentes parties prenantes, mais surtout de rappeler que le décret du 7 août 2017 relatif à la prévention des risques liés aux bruits et aux sons amplifiés doit s’appliquer, y compris sur le circuit. Car ce décret a changé la donne. Jusqu’à l’été dernier, ce sont les fédérations, en l’espèce la Fédération de sport automobile, qui géraient la réglementation en vigueur. Désormais, le code de la santé publique s’impose en matière de bruit de voisinage, même si les fédérations ont fait appel au Conseil d’État pour trancher la question. Le préfet a demandé la pause de deux capteurs consultables par toutes les parties, idéalement avant le prochain Grand Prix (les 16 et 17 juin) pour éviter les interprétations hasardeuses. En fonction des résultats, et alors que la saison s’élance à raison d’une manifestation par mois jusqu’en octobre, il lui appartiendra de trancher.

Michel Ricard, Président de l’Association des Riverains de l’Autodrome

Considérez-vous avoir gagné une bataille ? Oui, c’est une grande avancée. Pour la première fois, on avait réuni l’ensemble des parties prenantes et cette réunion, qui a duré trois heures, a été constructive. Le préfet a dit ce que nous demandons depuis des mois, à savoir l’application du décret du 7 août 2017. On est engagé dans un processus et le préfet veut que la situation se débloque. Que peut vous apporter ce décret de loi ? Il prévoit notamment qu’on ne peut dépasser le bruit ambiant de plus de 5 décibels. Autour du circuit, en fonction des endroits, les chiffres varient entre 45 et 55 décibels. En résumé, le bruit perçu par les riverains ne doit pas dépasser les 60 dB. Ce matin, il y avait des Mitjet et nous avons mesuré le bruit à 80 décibels et il n’y avait qu’une voiture… Le préfet a aussi préconisé la pause de capteurs, mais il y en a déjà… Il y en a un au circuit et deux chez les riverains. Mais quand ils ne sont pas en panne, les conclusions sont remises six mois plus tard et elles sont illisibles. Le préfet demande un constat de bruit qui puisse être consultable par toutes les parties. Une nouvelle réunion est prévue aujourd’hui même pour définir le lieu d’implantation et la société d’installation en espérant que ces capteurs fonctionnent avant le Grand Prix. Souhaitez-vous la fermeture du circuit ? Non, mais il y a des choix technologiques à faire. Le gestionnaire va devoir évoluer dans son fonctionnement.

Didier Sirgue, Gestionnaire du circuit d’Albi

Comment avez-vous accueilli les conclusions de cette réunion qui apporte de l’eau au moulin des riverains ? Je suis très content que cette réunion à l’initiative du préfet ait eu lieu. On n’est pas là pour faire du bruit. Mais je ne comprends pas qu’on écoute et entende une cinquantaine de personnes face aux 500 licenciés du circuit, aux 11 000 personnes qui ont signé une pétition en faveur du circuit et les 90 000 spectateurs qui assistent chaque année à nos manifestations. Reste qu’il va bien falloir appliquer la loi… Avant même de reprendre la gestion du circuit, j’avais présenté mon projet, notamment à M. Poujade, maire du Séquestre, et il n’a pas changé. Les courses ne représentent que 5 % de notre activité. D’ici à la fin du mois, nous allons équiper nos voitures de stage de façon à réduire le bruit de 25 %. Ces stages constituent le tiers de notre activité. Enfin, comme prévu, nous allons multiplier les journées de développement technologique qui se font avec des véhicules de tourisme et développer les activités de mobilité autonome. Nous avons également fait venir des milliers de tonnes de terre pour aménager des buttes antibruit. Qu’en est-il des capteurs ? Ils ont été en panne deux mois cet hiver mais les données sont limpides. Il n’y a que 28 jours où nous dépassons, en comptant les 12 jours de dérogation. Êtes-vous inquiet pour le circuit ? Je suis inquiet pour tous les circuits mais aussi pour tous les organisateurs de manifestations car ce décret concerne aussi les concerts, le rallye, le moto-cross etc. Nous avons accueilli le Trail de l’Albigeois récemment et la police a débarqué à 21 heures parce qu’un riverain se plaignait du bruit d’un DJ. On a besoin de rouler pour assurer le financement du circuit. J’ai fait beaucoup d’investissements, les débuts ont été déficitaires, mais nous visons l’équilibre.
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