Conseil Départemental du Tarn : un nouveau Président pour « réinventer l’avenir »

Le magazine du département Atouts Tarn célèbre le nouveau président du conseil départemental : belles photos, beaux sourires, belle équipe soudée. L’ancien président, 38 ans de mandats dont 26 à la présidence, ne pouvait plu cumuler : il a opté pour celui de sénateur. Cela nous donne l’occasion d’un discours de politique générale de l’entrant, d’un bilan du sortant, et donc de nous pencher sur le récit politique que nous proposent ces 2 élus. « Donner du sens à l’action publique, faire preuve d’audace et d’imagination pour améliorer la vie de nos concitoyens et réinventer l’avenir… c’est ma feuille de route ». Voilà pour la politique générale du nouveau président, l’histoire que l’on pourra raconter à nos enfants, à qui l’on pourra dire : « c’était là notre engagement citoyen à l’époque, voilà nos grands principes en 2017 ». Pour ce qui est de la grande ambition de « réinventer l’avenir », cela ne va pas être facile à expliquer aux générations futures, mais on pourra tenter de dire que l’avenir qui avait été inventé par le président précédent n’était pas brillant et qu’il convenait donc de le réinventer. Pourtant ce président est qualifié de « créatif », « d’audacieux ». Vient ensuite la déclinaison concrète de cette soi-disant nouvelle ligne politique, avec trois chantiers prioritaires dont deux particulièrement discutables : celui du barrage de Sivens et celui de l’autoroute Castres-Toulouse. On ne parle d’ailleurs plus du barrage de Sivens, on dit désormais « réussir le projet de territoire du bassin versant du Tescou ». Rupture ou continuité ? A l’occasion de son bilan, le sortant n’évoque pas cette tache indélébile de la mort de Rémi Fraisse, cet enfermement mortifère dont il a fait preuve avec le soutien de sa majorité, tache qui en France n’arrête pas une carrière politique, ni à cause du déshonneur, ni à cause des électeurs, et qui à la fin fait que c’est l’abstention qui gagne, voire le FN. Sans plus de doute ou d’hésitation, le projet d’autoroute Castres-Toulouse est conforté par sa nécessité incontournable, comme le barrage en son temps. « Il faudra faire mieux avec moins » nous dit le nouveau président, et pourtant il faudra verser 30 millions d’euros à un concessionnaire privé. Le sortant exprime sa fierté de la mise en place d’un agenda 21 dans le domaine de l’environnement, document qui prétend « réduire de 20% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020 », « favoriser l’économie de proximité et limiter les déplacements, … ». Pour rappel, le projet autoroutier augmentera de 30 % les gaz à effet de serre et ne peut être rentable qu’à condition d’augmenter le trafic routier. « Réinventer l’avenir » … Ecologie est le mot absent du discours de ce nouveau président. Rien de surprenant, dans cette assemblée départementale où l’écologie politique a totalement disparu du paysage, laissant la place à l’uniformité du bétonnage qu’on soit de droite de gauche ou les 2 en même temps, voire l’inverse. A l’occasion de ce changement de présidence, la conclusion semble limpide : cette assemblée départementale est inutile, coûte cher en votes automatiques, sans débat et sans enjeu, ne produit aucune idée, ne représente pas la diversité de pensée de nos concitoyens, n’est qu’une image rassurante mais fausse de la démocratie de proximité. Oui, on peut supprimer les départements dans leur rôle politique, la partie administrative continuera d’être assurée quoiqu’il arrive (est-ce que le Tarnbus fonctionne moins bien depuis que la Région en a repris la gestion ?). Pas un jour sans que l’on évoque les désastres contemporains : le réchauffement climatique, la pollution par le glyphosate, l’agriculture en danger. Yannick Jadot déclarait que la société est sur les questions climatiques en avance sur les politiques. Dans le Tarn c’est évident. Comment changer les choses, car c’est au fond l’essentiel. On pourrait faire 2 équipes, une pour essayer de comprendre ce qui a conduit à cette représentation politique défaillante, et une autre pour réfléchir aux moyens de réussir à mettre en œuvre des politiques d’intérêt général qui prennent en compte la mesure des risques environnementaux et qui fassent preuve de courage, d’engagement collectif et de responsabilité. Les inscriptions sont ouvertes. Stéphane DELEFORGE