Réaction d’Europe Écologie Les Verts à la composition du gouvernement

Le gouvernement ne tient ni ses promesses de renouvellement, ni de parité, ni d’équilibre des sensibilités politiques. La promesse du renouvellement n’est pas tenue : une grande partie des ministres sont de « vieux routiers » de la politique qui ont cumulé les mandats, tant dans les fonctions que dans le temps. Plutôt qu’une sélection sur les compétences, ce gouvernement remercie les soutiens du Président de la République et envoie des signaux politiques à la famille politique du Premier ministre. La promesse de la parité n’est pas tenue : le Premier ministre et les trois ministres d’État sont des hommes. Un seul ministère régalien revient à une femme et le porte-parole du gouvernement est aussi un homme. Si le nombre de femmes égale le nombre d’hommes au total, la parité sur l’importance des fonctions n’est pas et l’engagement d’un ministère de plein exercice dédié aux droits des femmes n’est pas tenu non plus. La promesse de l’équilibre n’est pas tenue : ce gouvernement est un gouvernement majoritairement de droite. Tout particulièrement sur les sujets économiques avec Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, respectivement à l’économie et aux comptes publics. Les quelques personnalités supposément à gauche se sont distinguées ces dernières années pour leur conversion aux politiques de droite en matière d’économie, de droits sociaux et d’environnement. La tête de l’État envoie un signal en nommant Nicolas Hulot ministre d’État, ministre de la transition écologique. Des éclaircissements sur le périmètre des attributions du ministre et la feuille de route qui lui sera confiée sont extrêmement importants, d’autant plus que cet affichage va à rebours de la composition générale du gouvernement. Europe Écologie Les Verts ne partage ni le projet, ni les valeurs du chef de l’État et de son Premier ministre et nous ne leur faisons pas confiance pour faire de l’écologie leur boussole. Nous avons confiance dans les convictions et l’intégrité de Nicolas Hulot, mais son pari est périlleux car une personne seule, même populaire, ne peut contrebalancer le projet politique de tout un gouvernement. Il devra lui falloir compter sur une large mobilisation de la société civile et l’obstination du plus grand nombre possible de parlementaires écologistes s’il souhaite gagner ses futurs combats au sein du gouvernement. L’écologie n’est pas et ne peut être un simple supplément d’âme. La création de ce nouveau ministère ne peut pas l’être non plus. C’est la raison pour laquelle nous demandons des précisions sur le périmètre du ministère dont Nicolas Hulot aura la charge. Une politique écologique est transversale et s’applique en cohérence à beaucoup de secteurs : énergie, industrie, transport, travail, fiscalité, agriculture, pêche, alimentation, urbanisme et aménagement, logement, santé. Elle nécessite à la fois des mots et un périmètre large, mais également un budget et la coordination de l’ensemble des autres politiques qui seront mises en œuvre. L’histoire a montré que quand cette ambition n’est pas partagée par l’Élysée, Matignon ou Bercy, les mots sont vains et les mesures d’affichage. Nous agirons donc en soutien à Nicolas Hulot en faveur de réformes ambitieuses pour l’écologie, la solidarité, la démocratie, la moralisation de la vie publique. Mais nous serons vigilant-e-s et tout aussi ambitieux lorsque les réformes libérales, anti-sociales, imposées, qui s’annoncent seront présentées aux Français-e-s. Le climat est une urgence. Le rythme du dérèglement climatique correspond aux prévisions les plus pessimistes des groupes d’experts. Il faut donc agir vite. Des décisions importantes peuvent être prises très rapidement, comme par exemple à Notre-Dame des Landes, qui est un symbole représentatif des choix à venir. L’abandon du projet d’aéroport est une demande forte des défenseur-es de l’environnement : que Nicolas Hulot en fasse la première victoire de l’écologie sous ce quinquennat. Nous souhaitons un bon courage à Nicolas Hulot, dont la nomination est un signal positif. Mais sans une majorité de transformation derrière lui, sans une présence forte des écologistes à l’Assemblée nationale, il ne pourra pas réussir son pari. Si on veut faire de l’écologie et résister aux lobbies bancaires et industriels, il faut des écologistes au Parlement. Julien Bayou et Sandra Regol, porte-parole nationaux