Tout va très bien Madame la Marquise …

Nous vivons une époque formidable ! Depuis le 29 mars 2016, le brouillard a envahi les locaux de la Communauté des Communes Tarn Agoût (CCTA), les incertitudes s’accumulent mais aucun signe n’est visible. Mieux d’aucuns font comme si de rien n’était. Le 29 mars est la date à laquelle la Préfecture du Tarn a rendu public le schéma départemental de coopération intercommunale. Ce schéma prévoit la sortie de Buzet sur Tarn de la CCTA et la dissolution du SICTOM de Lavaur, excusez du peu ! L’assise financière de la CCTA en sera chamboulée, la ZAC « Les Portes du Tarn » et les emprunts contractés deviennent un peu plus périlleux, la future organisation de la collecte et du traitement des ordures ménagères de plus de 30 000 personnes est une inconnue. Pourtant officiellement rien n’est dit. Sans doute par réflexe paternaliste (comme si les citoyens étaient des enfants irresponsables) les gestionnaires de la CCTA jouent l’apparente bonhomie. Mieux, il nous propose une pièce de théâtre nommé « SCoT du Vaurais II (1)» SCoT signifie Schéma de Cohérence Territoriale. Il s’agit de formaliser une stratégie de maîtrise de l’urbanisation du territoire de la communauté des communes. Ce document serait effectif le 1er janvier 2017, date à laquelle la commune de Buzet sur Tarn sortira officiellement du périmètre de ce même SCoT. Ironie,dans l’argumentaire qui accompagne ce projet, Buzet sur Tarn est qualifiée de « pôle relais ». Cette commune viendrait en complémentarité de Saint Sulpice la pointe pour assurer l’équilibre bipolaire de la dynamique du territoire. Mais Buzet ne sera pas dans le SCoT du Vaurais, et les élus font mine de ne pas le savoir. Ainsi la cohérence serait d’écrire le contraire de ce que l’on pense, le réalisme serait de payer un bureau d’études pour faire des plans irréels… Aussi ce jeudi 19 mai, au cours de la réunion des conseillers communautaires, nous avons pu assister à un grand moment de théâtre : le vote du SCoT. Premiers actes style « l’Arlésienne » : pas un mot sur l’absence de Buzet sur Tarn, pas un mot sur la concertation2, pas un mot sur la question du logement social, pas un mot sur la consommation foncière des grandes surfaces commerciales de Lavaur … Et c’est ainsi, qu’à la quasi unanimité, (une abstention) les conseillers communautaires réunis ont validé ce projet déconnecté, déconcertant. Il semble que nous allons vivre un final sous la forme d’un vaudeville : Buzet, l’amant éconduit, sortira par la fenêtre, Lavaur et Saint Sulpice se prendront par la taille. Rideau. Applaudissements, des cris dans la salle. On entendra « Une autre ! Une autre ! ». Ce sera Le Préfet qui préparera sa seconde invalidation (2)…Tout va très bien Madame la Marquise ! (1) La première version du SCoT (approuvé par la CCTA le 6 janvier 2014) a été invalidée par les services de la préfecture du Tarn. Les arguments énoncés pour retoquer cette première version portent sur des questions de forme (le cabinet d’étude « Terres Neuves » n’a pas intégré des dispositions issues de la loi ALUR) et de fond (projet de territoire peu convainquant : consommation foncière importante, ZAC Portes du Tarn traitée à part, stratification communale peu cohérente). Malgré cet échec, c’est le même cabinet d’étude et la même conseillère communautaire (Mme Parayre) qui ont eu la charge de formuler ce nouveau schéma de cohérence territoriale. Cohérence doit rimer avec constance … Errare humanum est, perseverare diabolicum. (2) Le bilan de la concertation (qui était pourtant le premier point à l’ordre du jour de la réunion) est particulièrement symptomatique de la qualité de la vie démocratique de la CCTA : le document papier a été distribué en toute hâte quelques secondes avant le vote des conseillers communautaires. Les élus ont donc voté unanimement en aveugle : pas de présentation orale, pas eu le temps de prendre connaissance du document. Bah ! C’est juste une formalité qui nous fait croire que nous sommes dans un État démocratique où la participation citoyenne est choyée…