Travaux sur le Circuit d’Albi : qui doit payer la facture ?

Nouvelle polémique en séance du conseil municipal d’Albi à propos du Circuit. Alors que la municipalité s’est engagée à prendre en charge les travaux de mise aux normes, l’opposition par la voix de Pascal Pragnère (Verts) demande que la facture soit assumée par le délégataire, DS Events.    A chaque séance, les délibérations qui concernent le Circuit d’Albi provoquent… un court-circuit. Lundi, sous couvert d’une demande de subvention au Conseil régional et au Conseil départemental, il était question de savoir qui devait prendre à son compte les travaux de mise aux normes du Circuit préconisées par la Commission Nationale d’Examen des Circuits de Vitesse (CNECV) en vue du renouvellement de l’homologation de celui-ci, la demande devant être déposée avant le 30 juillet 2019. Lors de sa visite le 24 octobre 2018, la commission a suggéré, outre un certain nombre de travaux au niveau des rails de sécurité, des bacs à gravier ou des vibreurs, une modification du tracé en amont et en aval de la courbe Armand Brouzes, soit un linéaire de 400 m, ce qui représente au minimum huit semaines de travaux (qui devraient être effectués au mois de novembre et décembre 2019) et une facture de 422 000 € HT. Afin de permettre au Circuit de développer des activités autour des véhicules électriques et notamment de mener à bien le projet d’organiser d’ici deux ans une nouvelle épreuve réservée aux « énergies alternatives », des bornes de recharge rapide doivent également être installées pour un coût de 37 500 € TTC, le total représentant une enveloppe financière de près de 460 000 €. « Nous souhaitons faire du Circuit d’Albi une référence en matière de promotion des énergies alternatives » avait précisé Michel Franques, premier adjoint délégué aux sport et rapporteur de la délibération. L’argument n’a pas suffi à convaincre Pascal Pragnère, grand spécialiste du dossier circuit puisqu’il mène depuis des années un combat contre les nuisances sonores et pour la protection sanitaire des riverains de l’anneau du Séquestre. « Vous avez choisi de financer de manière déguiser une entreprise privée » Pour l’élu vert, le choix de la concession, en 2015, a été fait « pour prémunir la Ville d’un surcoût lié à l’entretien ou aux investissements qui doivent rester à la charge du délégataire. » « Or », explique-t-il, « DS Events engrange des bénéfices depuis trois ans et demi et la municipalité propose de prendre en charge des travaux qui devraient être à sa charge. » Alors que la municipalité s’appuie pour valider son soutien sur l’article 6 du contrat de concession qui stipule que « dans le cas où le délégataire ne serait pas en mesure d’amortir sur la durée résiduelle du contrat de délégation, le coût net des investissements qu’il aurait à supporter pour obtenir le renouvellement de l’homologation », un avenant au contrat est envisageable, Pascal Pragnère demande la preuve que DS Events n’a pas la capacité de prendre en charge ces travaux. « Le contrat a été signé en 2015 pour douze ans, la durée résiduelle est donc de sept ans » argumente-t-il. « Démontrez-nous, alors que cette société a affiché un bénéfice net de 89 800 € en 2017 et que son activité a été supérieure en 2018, qu’elle n’est pas en mesure de payer 460 000 € en sept ans, soit un peu plus de 65 000 € par an. La vérité, c’est que vous avez choisi de financer de manière déguiser une entreprise privée, il s’agit tout simplement d’un fait de dilapidation d’argent public totalement inacceptable en cette période d’urgence fiscale et sociale. » Roland Foissac (CLIC) appuie l’argument. « Votre discours est spécieux » affirme-t-il. « Vous n’avez pas fait la démonstration que le délégataire ne pouvait amortir cet investissement. » Même Frédéric Cabrolier (RN) est perturbé. « Je soutiens toujours le Circuit, mais là je suis embêté pour voter » signifie-t-il. « Je pense que je vais m’abstenir. » « Faire du Circuit une référence en matière d’énergies alternatives » Pour Michel Franques, le fond du débat n’est pas là. « Voulons-nous que demain le Circuit évolue vers plus de sécurité ? La réponse est oui » répond-il. « Voulons-nous qu’il devienne demain une référence en matière d’énergie alternative et évolue vers un bruit maîtrisé ? La réponse est à nouveau oui. Nous ne faisons qu’appliquer les articles de la concession. Vous vous crispez sans doute, Monsieur Pragnère, parce que les diverses procédures que vous avez intentées envers le circuit ont toutes été jugées en votre défaveur. » Le vote (1) mettra fin provisoirement à la crispation ambiante. Mais il y a fort à parier que le « dossier circuit » s’invitera à nouveau dans le débat lors des prochaines séances. (1) Les Verts et le CLIC ont voté contre, le Rassemblement National et le PS se sont abstenus. Gilles Carles http://www.letarnlibre.com/2019/02/28/8148-travaux-sur-circuit-albi-qui-doit-payer-facture.html