Autoroute Castres-Toulouse / Avis personnel enquête publique
UNE AUTOROUTE CASTRES TOULOUSE, C’EST UNE ABERRATION SUR TOUS LES PLANS
Dans le Tarn, nous avons déjà eu à faire face à l’obstination des politiques locaux pour des projets inutiles, surdimensionnés et extrêmement coûteux. Après le fiasco écologique et financier de Sivens, qui a conduit au décès d’un opposant en octobre 2014, il est temps de penser autrement les projets structurants.
Aberration économique : Certains parlent du désenclavement du bassin Castres/Mazamet. Mais ce projet s’arrêtera à Castres. Nous aurons ainsi une autoroute en cul de sac qui n’irriguera pas le bassin en question. Quid du désenclavement de la vallée du Thoré incluant Mazamet justement ?
Comment imaginer que les entreprises accepteront de payer le plus cher péage de France (18€ Castres-Toulouse, 15€ Castres-Verfeil), pour venir s’installer à Castres ? Peut être que les frais de péage seront inclus dans la valeur de la prestation et le prix de vente au final.
Imaginons que ce seront les salariés castrais qui devront aller travailler à Toulouse, car les entreprises auront compris qu’il vaut mieux s’installer sur la grande couronne de la métropole où les infrastructures seront gratuites. Le salarié en question aura déjà payé par ses impôts, les contournements de Soual, Puylaurens et Verfeil, qui deviendront payants puisqu’intégrés dans le projet autoroutier, il paiera chaque jour la redevance pour utiliser cette route payante à raison de 18€/jour, soit 360€ par mois à raison de 20 jours de travail. Son salaire sera t il augmenté en raison de cette surcharge ? Si l’entreprise répercute sur son prix final, le coût de l’autoroute, qui paiera le produit final ? Le même contribuable/salarié/usager. Tous les projets déjà engagés sur le thème de la localisation des entreprises ont démontré que celles-ci vont au plus près des métropoles, ou au plus près des accès gratuits, et sont inévitablement aspirées par le rayon de la grande ville la plus proche. Les grandes villes n’ont jamais permis aux territoires ruraux périphériques de se développer grâce à des infrastructures routières entrantes, et surtout pas payantes, bien au contraire.
Aberration en matière de sécurité : Certains nous disent que la route actuelle n’est pas sûre et qu’il faut un itinéraire sécurisé, donc une autoroute payante. Mais y aura-t-il un itinéraire bis sécurisé et gratuit ? Que deviendront les contournements déjà construits et qui étaient gratuits jusqu’à maintenant ? Veut-on au final construire un réseau routier sécurisé mais payant pour ceux qui peuvent se le permettre et un réseau parallèle non sécurisé pour ceux qui n’auront pas les moyens ?
Aberration écologique : L’année 2016 est elle de la COP21, soit celle des engagements internationaux de réduire les gaz à effet de serre et de ne pas utiliser plus d’énergies fossiles que ce que la planète peut produire. Et là, nous avons un projet qui détruirait des hectares de terres agricoles, au moment où on parle de relocaliser l’économie, la production agricole et paysanne. Il s’agit d’un projet qui traversera la vallée du Girou, riche en biodiversité, et par endroit inondable. L’expérience de Sivens n’aura donc pas servi de leçon ? Comment gérer le nouveau flux de camions et voitures qui retraverseront les villages comme il y a 25 ans ? Il s’agit d’un retour en arrière, en matière de sécurité et en matière écologique.
Aberration financière : Ce projet engagera les collectivités locales et l’état à hauteur de 220 millions d’euros juste pour la subvention d’équilibre afin que le concessionnaire ne perde pas d’argent. Dans le cadre des baisses de dotations et d’augmentation des besoins sociaux à cause de la précarité et du chomage, le département du Tarn, aura-t-il les moyens de financer ce projet mais aussi l’entretien des routes secondaires qui sont déjà en piteux état.
Ne refaisons pas les mêmes erreurs que pour les projets précédents et notamment celui de Sivens, mais regardons comment améliorer la sécurité, le confort et le gain de temps pour une route de 70 km et désenclaver vraiment le territoire du sud du Tarn, non pas pour quelques uns qui veulent aller prendre leur avion plus vite à Toulouse, mais pour le plus grand nombre de Tarnais qui veulent se déplacer en toute sécurité et gratuitement sur tout leur département, notamment pour se rendre à Toulouse quand ils le désirent. Pour cela, une étude alternative doit être prise en compte afin de ne pas être interrogés juste sur un projet autoroutier payant mais bien pour l’intérêt général de tout le monde y compris des finances publiques et des besoins écologiques. Il s’agit de gagner 10 mn sur tout le trajet, qui seront avalées dans les embouteillages toulousains légendaires. C’est beaucoup trop cher la minute alors que c’est possible en utilisant le montant de la subvention d’équilibre pour améliorer et sécuriser l’existant.
C’est juste du bon sens.
Nicole Fréchou