Emmanuel Macron face à la Convention Citoyenne : rendez-vous manqué pour l’écologie, et pour la démocratie
L’entretien entre le Président de la République et les membres de la Convention Citoyenne pour le Climat était attendu. En renonçant à une majorité des propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat, force est de constater que le Président est resté enfermé dans son logiciel libéral et n’a pas entendu les appels citoyens pour une action rapide et concrète en faveur du climat.
En déclarant hier soir qu’aucun gouvernement n’a fait autant pour l’écologie, Emmanuel Macron tente de masquer le fossé entre les propositions ambitieuses des citoyen.nes et son maigre bilan écologique : réintroduction des néonicotinoïdes, prolongation du glyphosate, soutien financier sans éco-conditionnalités au secteur aéronautique et automobile, etc.
En renvoyant systématiquement à d’autres la responsabilité des actions qu’il n’engage pas, le Président a définitivement enterré les espoirs portés par la future Loi Convention Citoyenne pour le Climat qui sera présentée en janvier en Conseil des Ministres.
Interpellé sur les néonicotinoïdes et la régression juridique que leur réintroduction constitue, il rejette la faute sur la concurrence mondiale et les producteurs de betteraves belges. Interpellé sur la fin de la publicité sur les produits les plus polluants, il rejette la faute sur les plateformes numériques et la publicité en ligne. Interpellé sur la fin des véhicules neufs les plus polluants, il rejette la faute sur la Commission européenne.
Alors qu’il avait mandaté la Convention pour atteindre des objectifs ambitieux de lutte contre le dérèglement climatique (- 40% horizon 2030), et que le Conseil européen a rehaussé les objectifs à – 55% horizon 2030, le Président détricote son propre ouvrage. Beaucoup de mesures ont été vidées de leur substance, différées sine die ou même, pour une grande partie d’entre elles, complètement abandonnées.
C’est le cas de propositions très concrètes comme le moratoire sur la 5G, la TVA réduite sur les billets de train, le malus sur le poids des véhicules (passé de 1,4 à 1,8 tonnes), ou encore l’interdiction des vols intérieurs quand la liaison en train est faisable en moins de 4 heures, dont le seuil a été ramené à 2h30, ou du choix végétarien dans les cantines, devenu une simple expérimentation. A chaque fois, le Président a décidé de faire moins, trop peu, parfois presque rien.
L’arbre de l’annonce finale d’un référendum (qui doit permettre à notre Constitution d’intégrer les enjeux du climat et de la biodiversité) ne doit pas masquer la forêt des propositions appauvries ou abandonnées ! Le projet de référendum acte certes une victoire culturelle des écologistes, mais nous veillerons à ce que la formulation proposée par la CCC soit celle inscrite dans la Constitution, et que cette proposition de référendum ne soit pas qu’un effet de manche pour mieux cacher l’inaction.
En réalité, Emmanuel Macron est le digne successeur d’un logiciel politique daté, qui tente de se repeindre en vert dans un simulacre de mesurettes écologiques. L’heure n’est plus aux symboles mais à l’action. Englué dans la défense des intérêts économiques de court terme, il n’aura pas su se montrer à la hauteur de la responsabilité politique de notre génération, celle que portent les écologistes : laisser une planète vivable à nos enfants, et conjuguer démocratie, justice sociale et environnementale. C’est l’enjeu de la décennie qui vient.
Alain Coulombel et Eva Sas, porte-paroles