Ils veulent «déboulonner» le sortant

VIDE GRENIERS Quatre binômes se lancent à l’assaut du premier des trois nouveaux cantons de Castres. Castres 1 c’est essentiellement l’ancien canton appelé Castres-Nord avant le redécoupage de la réforme territoriale (voir encadré). C’est donc en position de sortant et presque de favori que Michel Monsarrat brigue ce secteur traditionnellement à droite même s’il est élargi aujourd’hui. Conseiller général depuis 1989, le candidat UMP semble donc en terrain conquis. D’autant qu’il a le soutien de cette coalition regroupant l’UMP, l’UDI et les maires des principales grandes villes du Tarn qui rêve de faire basculer le département à droite, en profitant du contexte national pas très folichon pour le PS. C’est d’ailleurs l’argument principal de cet ancien chirurgien à la retraite qui a d’ailleurs toujours pu miser sur sa notoriété pour se faire élire assez tranquillement à chaque scrutin. «Depuis 30 ans et même davantage notre tendance politique est dans l’opposition. 30 ans, ça suffit» affirme le candidat qui estime que trop de signaux économiques sont au rouge dans le bassin et qu’il est temps «d’assainir les comptes du département». Il pourra évidemment compter sur le soutien du maire divers droite de Castres. D’autant que Michel Monsarrat part en binôme avec Nathalie de Villeneuve conseillère municipale UMP de Castres, une fidèle de Pascal Bugis. Mais sa longévité, certes atténuée aujourd’hui par la jeunesse de sa binôme, et l’idée que les jeux seraient déjà faits pourraient cependant lui jouer des tours. Car il a face à lui trois adversaires qui vont aussi utiliser le thème du besoin de renouveau sur ce canton. À commencer par Stéphane Deleforge, le candidat d’Europe Écologie Les Verts, associé à Miriam Pernet. Ce binôme, issu de la liste «Alternatives à Castres» lors des dernières élections municipales et réuni aujourd’hui sous la bannière Actes, Alternative citoyenne pour un Tarn écologique et solidaire, fait campagne justement sur ce renouvellement politique. «Notre action répond à un besoin d’implication de citoyens qui ont envie d’écouter et d’agir. On n’est pas des pros de la politique mais on s’engage pour porter des idées nouvelles, explique Stéphane Deleforge qui estime que Michel Montsarrat «n’incarne pas le renouvellement». Pas plus selon lui d’ailleurs celle du socialiste Boukil Hamria associée à la régionaliste du Parti occitan Anne Garcia. «J’ai beaucoup de respect pour eux mais ils sont très marqués par la politique de la majorité départementale dans laquelle on ne se reconnaît pas du tout», indique l’écologiste. Mais les candidats investis par le PS, qui étaient sur la liste de Christophe Testas aux dernières élections municipales, n’hésitent pourtant pas à cautionner la politique menée par la majorité sortante. Et ils souhaitent eux aussi «un renouvellement dans la représentation de ce canton». «Il faut un changement de génération et un élu local qui travaille. Ni Anne, ni moi sommes des notables», lâche Boukil Hamria visant clairement Michel Monsarrat. De son côté, Émile Cany, le candidat du Front national, associé à Émilie Guignard, ne se fait pas non plus prier pour essayer de convaincre «tous ceux qui veulent bien m’écouter» de la nécessité d’un «renouveau de la politique». Tromperies et mensonges reviennent en boucle dans son discours pour qualifier l’action de ceux qui nous dirigent. Au niveau national ou local. Et plus que les socialistes, c’est davantage l’UMP qui est sa cible. Et pour ces élections, l’union du maire castrais divers droite Pascal Bugis et du député UDI Philippe Folliot, qui se sont toujours affrontés jusque-là, est le symbole de cette politique qu’il dénonce. Bref, que cela vienne de sa droite ou de sa gauche, Michel Monsarrat et ce qu’il incarne en prennent pour leur grade. Mais c’est le lot des sortants. En chiffres Le canton Castres 1 est grosso modo l’ancien canton de Castres-Nord et une partie de Castres-Ouest. Il s’étend de la gare SNCF jusqu’à la route d’Albi et des frontières de Carbes et Fréjeville jusqu’à une partie du centre-ville. C’est le plus castrais des trois nouveaux cantons redécoupés . Il comprend en effet le centre-ville, le Gazel, le Rey, l’Albinque, Aillot, les Monges, le Corporal, le Travet, Mélou, Campans …etc. Il compte environ 17000 habitants pour 12000 électeurs inscrits. Résultats des dernières élections cantonales en 2008 sur Castres-Nord 1er tour : Faugères (PS) 20,14%, Balvier (FN) 6,35%, Bessière-Bogaert (DVD) 15,20%, Monsarrat (UMP) 44,20%, Martinez (DVG) 14,11%. 2e tour : Faugères (PS) 37,49%, Monsarrat 62,51%. Zoom les candidats Des dossiers qui divisent les candidats Évidemment politiquement les quatre binômes de candidats en lice ont des désaccords profonds sur le fond. Et cela se concrétise sur certains dossiers locaux. Comme celui du collège des Cèdres qui nécessitent une grosse rénovation. Mais Nathalie de Villeneuve et Michel Monsarrat soutiennent l’idée du maire de Castres qui préconise plutôt de déménager les collégiens dans un établissement à construire en neuf à Lameilhé, d’où sont issus une majorité d’élèves, et ainsi de pouvoir récupérer l’actuel bâtiment et son parc, qui appartiennent à la ville, pour en faire un lieu culturel et pourquoi pas y loger le musée Goya trop à l’étroit dans ses locaux mitoyens de l’Hôtel de Ville. «Le déplacement du collège des Cèdres pour y aménager le musée Goya constituerait un beau projet pour la ville» confirme Nathalie de Villeneuve. Le candidat écologiste est contre ce projet militant pour une rénovation des sites actuels du collège et du musée Goya. «Cela ne favoriserait pas la mixité sociale, explique Stéphane Deleforge. On a plutôt intérêt à avoir des jeunes qui viennent en centre ville pour profiter de ce bel endroit et avoir accès à une vie sociale». Le candidat frontiste est lui plus partagé. «Cela peut être un projet intéressant, confie Émile Cany qui reste cependant dubitatif sur la faisabilité. D’autant qu’on ne sait toujours pas quelles compétences va rester au Département». Autre dossier qui divise celui de l’autoroute Castres-Toulouse. Les duos Monsarrat-De Villeneuve et Hamria-Garcia semblent là sur la même longueur d’onde. Ils soutiennent ce projet qui fait aujourd’hui consensus entre l’UMP, l’UDI et le PS. En revanche, évidemment Stéphane Deleforge est vent debout contre ce projet «honteux écologiquement et économiquement». «Le Département ne peut pas, d’un côté, signer des chartes environnementales et de l’autre faire l’inverse en soutenant l’autoroute» indique-t-il. Même son de cloche au FN. Émile Cany estime que la priorité est sur l’axe Albi-Castres «une route très accidentogène». «Bien sûr qu’il faut améliorer la route entre Castres et Toulouse mais pas avec une autoroute à péages payante», lâche le candidat frontiste qui n’admet pas l’idée que les usagers doivent repayer pour rouler sur les actuelles déviations de Soual et Puylaurens, qui seront intégrées à l’autoroute et qui ont été financés par des fonds publics et donc par les contribuables. http://www.ladepeche.fr/article/2015/03/03/2059463-ils-veulent-deboulonner-le-sortant.html