La Dépêche du Midi. Albi. Pascal Pragnère : « Ce sont les mairies d’extrême droite qui ferment les MJC »
L’opposition municipale ne comprend toujours pas le choix de la majorité de ne pas conventionner de partenariat avec la MJC. Pour elle, l’argument de la maire sur l’absence d’objectifs et de projets est sans fondement.
La décision de la majorité municipale d’Albi de quasiment couper les vivres à la MJC (notre édition de mardi) n’en finit pas d’interloquer l’opposition. Au point que Nicole Hibert, Pascal Pragnere, Nathalie Ferrand-Lefranc et Jean-Laurent Tonicello, du « Collectif citoyens, écologistes et gauche rassemblée », nous ont conviés hier à une conférence dont le sujet principal fut l’absence de partenariat conclu entre la mairie et la MJC, induisant la quasi-disparition des subventions pour cette dernière, qui avait déjà vu son niveau d’aides coupé en deux l’année dernière.
« Dans le contexte actuel de crise du monde de la culture et de la jeunesse, on pourrait s’attendre au contraire à une aide accrue comme le font beaucoup de collectivités. À Albi, la municipalité préfère condamner la MJC », argue Jean-Laurent Tonicello. Pour ce dernier l’argument de la maire, Stéphanie Guiraud-Chaumeil, qui a dit lundi ne pas vouloir faire de chèque en blanc à une structure qui ne présente pas de convention structurée d’objectifs et de projets, ne tient pas : « La MJC propose des ateliers de théâtre, d’arts plastiques, de musique, de BD, de photos, de radio […] je vous passe la litanie d’activités auxquelles on peut prétendre dans ce lieu, et on veut nous faire croire que c’est une coquille vide ? Cet argument est sans fondement. » Alors l’opposition cherche à comprendre pourquoi « la maire semble vouloir faire un cas d’école de la MJC, pour montrer aux autres associations qu’il faut suivre la ligne municipale […]
La MJC ne communique-t-elle pas assez ?
Encore que, l’absence notable de communication de la part de la MJC ne va pas dans le sens d’une association qui s’inscrirait dans un mouvement d’opposition à la municipalité. Ce qui renforce l’incompréhension. « C’est peut-être ce que la maire reproche à la MJC, de ne pas communiquer ? Mais la culture ce n’est pas uniquement de la consommation de spectacle », avance Nicole Hibert. « La MJC n’est pas là pour faire venir des touristes. La MJC ce n’est pas du « flonflon » certes, mais elle propose des services culturels aux Albigeois, à des coûts modiques. Ce sont aussi des actions dans les établissements scolaires et les quartiers populaires », appuient en chœur Pascal Pragnère et Nathalie Ferrand-Lefranc. Indigné, le premier ose une comparaison provocatrice : « Vous imaginez une ville préfecture sans MJC ? Fermer des MJC, ce sont des mairies d’extrême droite qui font ça (1). » Et Nathalie Ferrand-Lefranc d’enfoncer définitivement le clou : « On a beau tourner le problème dans tous les sens, cette décision arbitraire ne s’appuie sur aucun élément concret, elle est donc purement idéologique ».
Dans la même veine, l’une des branches de l’opposition municipale s’interroge sur « la façon dont la maire mène les débats, en réagissant de façon épidermique et en mettant de l’huile sur le feu, en conseil municipal ». D’après elle, « cette agressivité a gagné désormais le dernier conseil d’agglomération où régnait jusque-là une certaine forme de consensus ». Cette remarque fait suite au dernier conseil d’agglomération du Grand Albigeois de mardi soir, à la conclusion duquel les motions relatives au sujet brûlant de la RN88 auraient engendré de nombreux remous. Affaires à suivre.
(1) Pour l’heure, aucun projet de fermeture de la MJC n’a vu le jour. Par ailleurs, nous avons contacté le service communication de la mairie d’Albi pour savoir si Mme la maire souhaitait réagir aux propos tenus par l’opposition lors de sa conférence de presse. Elle ne l’a pas fait.
Baptiste Gay