La France va à l’encontre de ses engagements pour la transition agroécologique
Nous constatons actuellement une véritable dérive anti-écologique dans les politiques agricoles françaises. Crédit d’impôt glyphosate, plan de relance aux agroéquipements, affichage environnemental « Eco-score », label Bas-carbone en élevage… beaucoup de moyens engagés pour aller à l’encontre du but affiché : la transition agroécologique.
Dernier en date, un crédit d’impôt de 2500 € pour les entreprises qui n’utiliseront plus de glyphosate en 2021 et/ou 2022, adopté par le Sénat sous forme d’amendement au Projet de loi de finances 2021. Ce crédit d’impôt, outre le fait que son contrôle sera quasi-inopérant, est un nouveau gaspillage d’argent public, les intéressés se reportant immédiatement –et sans changer de système- vers d’autres herbicides tout aussi dangereux pour notre environnement et notre santé : prosulfocarbe, métolachlore, et pendiméthaline entre autres. Ces substances très volatiles se retrouvent d’ailleurs partout dans l’air que nous respirons, des campagnes jusqu’aux grandes villes.
Par un communiqué du 7 décembre dernier, le Ministre de l’agriculture Julien Denormandie, a annoncé amplifier le soutien à l’agroéquipement pour le porter à 215 millions d’euros dans le cadre du plan de relance. Remplacement de pulvérisateurs, suréquipement des fermes, digitalisation à outrance, tout cela constitue d’une nouvelle fuite en avant vers la dérive techniciste, qui, loin de conforter le revenu des agriculteurs, les poussera à l’endettement, dans un modèle qui les écrase et les fait disparaître.
En parallèle, nous assistons à un dévoiement du label bas-carbone en élevage, à l’exemple des dossiers en cours de validation dans la région des Pays de la Loire, qui, sous couvert de la lutte contre la crise climatique, promeut les systèmes les plus intensifs.
Citons enfin le futur Affichage environnemental « Eco-score » (outil Agribalise) récemment mis au point et utilisé par les spécialistes de l’alimentation, qui, en raison de biais méthodologiques majeurs, favorise les aliments issus des systèmes les plus contestables sur le plan environnemental au dépend des aliments biologiques et issus de systèmes de production extensifs. EELV soutient le cri d’alarme des ONG du 17 décembre dernier, dénonçant « l’aberrant affichage environnemental qui risque de promouvoir l’agriculture intensive ».
Il s’agit d’une attaque en règle de l’agroécologie paysanne, biologique, qui, elle, a fait ses preuves. Le développement de cette agriculture écologique et paysanne implique la mise au diapason du système de formation, de conseil, de recherche, de sélection décentralisée des semences, de collecte, de stockage, de distribution… et un fléchage massif des aides publiques vers ces systèmes de cultures basés sur le respect des cycles naturels. A l’exact opposé de la suppression en 2018 des aides nationales aux agriculteurs biologiques certifiés. Depuis plusieurs années se sont succédé des simulations qui montrent que l’agriculture biologique et paysanne peut sans difficulté nourrir le Monde, l’Europe et la France, à condition bien sûr de réduire le gaspillage et la surconsommation de viande.
Pour Europe Écologie Les Verts, il faut s’engager rapidement dans cette véritable transition écologique pour lutter contre le dérèglement climatique et faire cesser ce gaspillage d’argent public qui ne fait que retarder la fin annoncée d’un système à bout de souffle dangereux pour la santé publique.
Alain Coulombel et Eva Sas, porte-paroles
La Commission Agriculture et Ruralité d’EELV