Lettre à Carole Delga, Présidente de la région, d’EELV Tarn

Castres, le 11 avril 2016

De : Stéphane DELEFORGE Secrétaire Europe Ecologie – les Verts Tarn 32 rue de la Côte de Beaumont 81100 Castres stephane.deleforge@wanadoo.fr

A : Madame Carole DELGA, Présidente du Conseil Régional Languedoc Roussillon Midi Pyrénées

Copie : Monsieur Gérard ONESTA Président du bureau de l’Assemblée

Monsieur Jean-Luc GIBELIN Vice-Président en charge des Mobilités et infrastructures de transports

Madame la Présidente,

Le projet d’aménagement autoroutier de l’axe Castres-Toulouse est un sujet politique majeur pour Europe Ecologie les Verts, aussi bien au niveau local dans le Tarn qu’au niveau régional. De façon régulière, lors des échéances électorales, lors des débats publics, à chaque occasion des avancées du dossier, notre organisation a pris une position. Cette position est claire, et elle n’a pas varié. Nous sommes favorables à une amélioration de la circulation routière entre Castres et Toulouse, c’est même une nécessité. Nous sommes aussi favorables, et c’est tout aussi nécessaire, à une amélioration de l’offre de transports en communs. Dans ce projet global de transports, à l’échelle du territoire Castres-Mazamet, la réalisation d’une 2×2 voies n’apporte rien en termes de service rendu à l’usager. Elle a en revanche de nombreux défauts en termes écologiques, agricoles, économiques, et d’équité sociale. Ces défauts pourraient même se transformer en frein au développement du territoire, ce qui serait l’inverse de l’effet recherché. Le problème n’est donc pas de savoir si la 2×2 voies doit être gratuite ou privée et payante, car au fond c’est le même projet (étant entendu que le projet privé accentue les effets néfastes en termes de dépenses pour les collectivités et pour les usagers/contribuables). Le problème est de parvenir à bâtir une offre de transports cohérente et adaptée à notre époque.

Nous entendons bien les arguments des pro autoroutes qui légitimement défendent qu’une autoroute permet le développement d’un territoire. Malheureusement, cet argument n’a rien d’automatique et surtout, s’il s’appuie sur un modèle de développement qui avait cours dans les années 1970, époque du pétrole surabondant, de l’absence de réchauffement climatique, de l’absence de compétition entre terres agricoles et espaces artificialisés. Les pro autoroutes ont pu bénéficier d’une étude d’impact lors du débat public, qui s’est limitée à évaluer la différence entre un aménagement en 2X2 voies gratuites, ou en 2×2 voies avec mise en concession. Mais qu’en est-il de l’évaluation de l’efficacité comparée d’un aménagement sur site de la RN 126 ? Le débat public était le lieu de la présentation d’une telle alternative. La demande en a été faite par les associations en temps et en heure. Malheureusement, cette légitime demande a été rejetée, ce qui a constitué un déni de démocratie évident.

Où en sommes-nous aujourd’hui ? Le projet a vu dernièrement le début de lancement de l’enquête publique repoussé d’un an. C’est une opportunité pour réparer un certains nombres de manquements. La période est propice. En effet, la nouvelle majorité à la Région Languedoc Roussillon Midi-Pyrénées, dans laquelle Europe Ecologie-Les Verts est pleinement engagé, repose sur un accord de mandature qui va nous permettre de faire avancer la problématique des transports sur l’axe Castres-Toulouse. Il nous faut rétablir le débat démocratique citoyen, en particulier sur les grands projets d’infrastructure, dans l’esprit des propos que vous avez pu tenir : « la volonté de construire un nouveau rapport avec nos concitoyen-ne-s. » en favorisant « … notamment la consultation préalable sur les grands dossiers … » avec « La mise en débat contradictoire d’alternatives aux grands projets d’aménagement du territoire basées sur des évaluations transparentes et indépendantes ». Les décideurs régionaux doivent pouvoir s’appuyer sur un dossier complet, dont la conclusion ne serait pas imposée par des lobbys non représentatifs, car ce sont des millions d’euros qui sont en jeu. Il est à noter qu’officiellement, le montant prévisionnel de l’investissement est passé d’environ 300 millions d’euros (début du débat public), à plus de 500 millions alors qu’aucun coup de pioche n’a été donné…

Les associations ont fait sur ce dossier des transports entre Castres Toulouse des propositions alternatives extrêmement bien documentées et très crédibles. Cela n’est pas suffisant car les partisans de l’autoroute concédée, ou ceux de la mise en 2×2 voies gratuites, ou les citoyens indécis, peuvent considérer, de plus ou moins bonne foi, que ces associations n’ont pas les compétences requises. C’est pourquoi, pour que le dossier soit enfin complet et soumis comme tel à l’ensemble de la population, il nous faut une étude de l’aménagement alternatif de la RN126 qui soit menée par un organisme indépendant. La Région a le pouvoir de prendre cette décision, vous avez, Madame la Présidente, le pouvoir et le devoir sans doute, de mettre à la disposition de tous cette étude que vous êtes à même de commander. Ce type d’études est courant et peut être lancé rapidement. La date butoir étant le début de l’enquête publique pour pouvoir bénéficier des conclusions qui seront établies. Certains maires se sont déjà engagés dans une participation financière à cette étude et d’autres collectivités sont aussi prêtes à le faire.

J’espère, Madame la Présidente, que vous serez sensible aux arguments que j’ai pu développer au nom du groupe Europe Ecologie les Verts dans le Tarn et que vous permettrez à la nouvelle grande Région de jouer pleinement son rôle d’aménageur local, en transparence, de manière démocratique, de façon économe et engagement sans retard la transition écologique et énergétique dans le domaine des transports.

Dans l’attente de votre réponse à cette demande d’études complémentaires, je vous prie de recevoir, Madame la Présidente, l’expression de ma très grande considération.

Stéphane Deleforge Secrétaire eelv Tarn