« Penser l’après » dans le Tarn…

C’est maintenant une évidence, la gestion de la crise actuelle nous oblige à adopter des mesures et précautions d’urgence, pour lesquelles le personnel médical et hospitalier est mobilisé de façon exemplaire, dans le Tarn comme ailleurs en France. Nous les remercions chaleureusement. Cette crise nous oblige à réfléchir sur ses origines, sur la transformation nécessaire du monde actuel pour anticiper celles qui surviendront si nous ne faisons rien. Ce contexte démontre le bien fondé de solutions et analyses écologistes qui étaient moquées il y a encore peu de temps.

Aujourd’hui, le lien entre réchauffement climatique, fonte du permafrost, déforestation et nouvelles pandémies semble établi, et la mondialisation sauvage facilite leur transmission. La pollution fragilise les humains et les rend plus vulnérables. Le modèle de développement économique actuel nous épuise tous, Humains et Planète.

La conscience écologique progresse, mais la crise actuelle nous oblige maintenant à l’action. Beaucoup parlent d’agir « demain », ou prônent un monde nouveau plus solidaire, plus écologiste… mais en gardant la main sur des grands projets inutiles qui le seront encore plus demain. Quelle est leur crédibilité ? Agir efficacement sur nos territoires demande des choix politiques et de société dont nos collectivités (ville, agglo, département, région) ont les compétences.

Il est aujourd’hui impératif de recentrer ces politiques publiques autour de la santé et de la prévention, de la protection de l’environnement et des biens communs, et de se donner les moyens de répondre à la crise économique qui va suivre la crise sanitaire. Ce sont des choix politiques et budgétaires qui demanderont de hiérarchiser différemment les besoins.

Pour exemple, dans le Tarn, nos collectivités et nos concitoyens peuvent dès aujourd’hui décider de se libérer du lobby de l’automobile en suspendant la construction de l’axe autoroutier Castres-Toulouse et envisager d’aménager l’existant (des millions d’argent public pour une autoroute concédée à une société privée, est-ce le bon choix ?). Pour la même raison il serait sage de réviser le projet de plateforme logistique dédiée au transport poids-lourds des Portes du Tarn, d’arrêter de financer un circuit automobile devenu obsolète et de réduire la vitesse et la pollution en ville, sur les rocades, sur les routes. Que penser aussi de nos aéroports locaux ultra- subventionnés ?

Soyons optimistes, car d’autres choix sont possibles ! On peut réduire les déplacements en donnant la priorité aux transports collectifs, alternatifs et doux (trains, bus, covoiturage, déplacements à vélo…) pour protéger la santé et l’environnement. Relocaliser l’activité économique plutôt que de construire de nouvelles infrastructures impactant les terres agricoles est maintenant une nécessité. Les collectivités locales peuvent et doivent l’impulser de façon courageuse. Nous devons accompagner les agriculteurs et producteurs locaux vers le respect de la nature, de la santé et de l’eau, biens communs inestimables et menacés, par une aide accrue aux conversions bios, à la reforestation et pour une gestion de l’eau adaptée à nos territoires. Les critères de respect de la santé et de l’environnement deviendront la norme et impliqueront la réévaluation des politiques pour un autre développement économique.

Saisissons l’occasion de favoriser un mode de développement touristique local, piéton, cyclotouriste, au bilan carbone le plus bas possible, plus économique pour tous… et plus attractif. De même, choisissons de réduire les financements du sport-spectacle pour renforcer la pratique du sport-santé et de prévention. Là aussi, une sobriété nouvelle est indispensable. Et enfin, redéployons les moyens dégagés pour les consacrer à la protection de la santé, des plus jeunes aux plus âgés, à la prévention, ainsi qu’à la mise en place d’un revenu d’existence garanti qui permette aux plus précaires de résister aux chocs économiques.

La cohérence de nos propositions, la continuité de nos actions, et le courage politique de nos militants et de nos représentants nous permettent d’espérer accélérer la transition écologique vers un monde nouveau. C’est maintenant, plus que jamais, qu’il faut les soutenir.

Pascal Pragnère Secrétaire EELV Tarn