Pourquoi voter contre la création d’un poste de « chargé de mission – vélo et Mobilités actives »
Si le titre d’une telle délibération a tout pour faire consensus, malheureusement sa rédaction n’est pas acceptable. Le choix de recruter un « chargé de mission » conforte la mise à mal de la fonction publique territoriale à Castres. L’absence de maîtrise de la question du vélo en ville ne peut aboutir qu’à des choix inefficaces.
Voici les arguments (qui n’ont pourtant convaincu personne)
Pas de présentation de la délibération en commission, lieu du débat démocratique
M. Bugis recourt au nouveau « contrat de projet » de 2019, instauré par M Macron (dont il vilipende par ailleurs la politique). Cela lui permet de contourner les fonctionnaires territoriaux qui sont pourtant à même de remplir cette mission. Quoique … à force de non remplacement des départs à la retraite et de formations insuffisantes, les services de la ville sont affaiblis et en tension.
Pour mener ses politiques publiques sur le long terme, une ville a besoin d’embauches de personnes avec des statuts pérennes, pas des « chargés de mission », certainement plus malléables et jetables.
Le recours à ce type de contrat risque d’être un premier pas pour cette municipalité, d’autres services seront très vite concernés si nous ne sommes pas vigilants et vigilantes.
Sur la partie vélo, la ville a été sélectionnée par l’ADEME pour plan APPA VELO2, ce qui lui permettra de demander une subvention pour le poste. Le problème c’est qu’au quotidien, la ville de Castres fait l’inverse des préconisations de l’ADEME et de tous les organismes qui conseillent les aménageurs partout en France et en Europe.
Le maire de Castres refuse par exemple de mettre en place le double sens cyclable dans les rues en sens interdit, au prétexte de la sécurité. Où est la cohérence quand l’ADEME indique dans ses documents qu’il y a déjà 37 km de double sens cyclable dans le Tarn, plus de 3 000 km en France ?
La délibération mentionne uniquement la création de « pistes cyclables ». C’est une grave méconnaissance de ce que sont les aménagements cyclables. Les pistes cyclables ne sont qu’un des outils, et pas le principal. Les « bandes cyclables » sont à utiliser en priorité car plus facile à mettre en place. Mais M Bugis les a laissé disparaître à Lameilhé par exemple.
M Bugis refuse la mise en place du forfait vélo pour inciter les agents de la mairie à ne pas utiliser leur véhicule. Pourtant l’ADEME le recommande, l’Etat et les entreprises le font.
Selon Mme De Villeneuve, il faut commencer par les grandes voies à l’extérieur de la ville, qui sont comme « des artères », pour structurer le réseau. On croirait entendre les urbanistes des années 1970 avec les autoroutes qui « irriguent » le territoire. Cette vision est inefficace et dépassée, elle nous a laissé une grande dépendance à la voiture dans l’organisation du territoire. Ce serait un comble de reproduire les mêmes erreurs pour les aménagements cyclables ! Quelle sera la latitude de manœuvre de la personne qui sera recrutée ?
Il n’y a rien de chiffré dans cette délibération, aucun objectif précis.
Dans le même temps, la Communauté d’Agglomérations du Grand Albigeois présente un plan vélo d’une toute autre envergure ; tous les termes techniques employés montrent une maîtrise du sujet et une envie d’avancer. D’ailleurs, l’avance prise par notre voisine tarnaise est considérable depuis plus de 10 ans par rapport à Castres. (voir article de presse)
Dans ce contexte, une délibération pour casser un peu plus la fonction publique territoriale, avec un résultat en matière de vélo très hypothétique, c’est non.
Souhaitons quand même la bienvenue à la personne qui sera recrutée, en espérant que son expertise permettra aux élus de la majorité de faire évoluer leur regard sur les aménagements cyclables en ville.
Son tour de force consistera à changer le regard des élus de la majorité sur la pratique du vélo en ville.
Stéphane DELEFORGE, conseiller municipal
P.-S.
Délibération du Conseil Municipal
« Entre 2013 et 2021, la mise en œuvre de ce schéma directeur a permis d’augmenter de 30 % le linéaire de réseau cyclable pour atteindre 115 km dont 28 km de pistes en site propre, 30 km de bandes cyclables, 30 km de double sens cyclables ou encore 11 km de chaucidou. » —> https://www.ladepeche.fr/2021/12/16/le-nouveau-schema-directeur-cyclable-adopte-9995462.php