SCoT du Vaurais : sortir des incohérences et des dénis
Nous apprenons que la Communauté des Communes Tarn Agout (CCTA) prépare un bilan intermédiaire de son SCoT (Schéma de Cohérence Territoriale). Il devrait être présenté lors d’un prochain conseil communautaire1. Ce que nous comprenons aussi c’est qu’il n’est pas question d’une révision mais d’un simple bilan d’étape. Pourtant, il n’est pas besoin de faire de méticuleuses analyses pour voir que le SCoT du Vaurais ne représente pas une stratégie adaptée à son territoire actuel. Le départ de la commune de Buzet renverse l’architecture équilibrée que ce SCoT était censé organiser. Pour mémoire également, en 2016 répondant à la question sur les conséquences d’une probable sortie de la commune de Buzet, la CCTA écrivait : « En cas d’évolution du périmètre de la CCTA (extension de périmètre ou réduction) une révision du projet de SCoT sera engagée2 ». Nous attendons donc que la CCTA tienne parole et œuvre en cohérence avec la situation telle qu’elle est.
Par ailleurs, au vu de l’urgence climatique et de la nécessaire protection de la biodiversité, la mise en œuvre d’actions stratégiques pour un développement soutenable devrait d’être explicitement prise en compte. Ainsi l’actualisation nécessaire des problématiques environnementales au sein du SCoT justifie légitimement une révision. Un nouveau cadre structurant devrait nous permettre de mieux relever les défis qui nous attendent sur notre territoire. En conséquence, un changement de modèle du développement territorial devrait s’inscrire dans un SCoT du Vaurais revu et corrigé.
Les évolutions réglementaires représentent aussi des raisons supplémentaires pour engager une révision sérieuse de ce document de planification stratégique. En particulier, la loi «climat et résilience » impose une réduction drastique de la consommation foncière avec l’objectif zéro artificialisation nette en 2050 au plus tard. Première étape, dès 2030, nous devons diviser par 2 le rythme actuel de l’artificialisation des terres. Pour ce qui concerne le Vaurais, cette contrainte est d’autant plus prégnante que le SCoT actuel a été construit sur une surestimation de la croissance démographique. Nous devons donc nous imposer des limites drastiques contre l’expansion de l’urbanisation et préserver les sols vivants.
Parmi les sujets sensibles, il y a l’artificialisation induite par d’éventuelles installations de commerces en périphérie des zones urbaines. Une révision du SCoT devrait interdire le projet de délocalisation de l’Intermarché route de Gaillac à Lavaur.
De même pour Saint-Sulpice, le projet de zone commerciale sur la ZAC des Portes du Tarn devrait être abandonné. Cette révision pourrait ainsi devenir une opportunité pour reprendre en main ce projet de zone d’activités économiques parti sur des ambitions pharaoniques insensées. Cette surface pourrait ainsi devenir une zone de compensation écologique in situ. Cela participerait de la volonté de préserver la biodiversité tout en réduisant les coûts de la compensation. La présence d’un ancien corps de ferme pourrait facilement être valorisée en espace pédagogique nature. Pour peu que la bordure ouest de cette ZAC soit également préservée de toute artificialisation3, il y aurait là un spot d’observation remarquable.
Bien sûr cela suppose que les élus actent l’urgence à changer les perspectives que nous voulons nous donner et qu’ils formalisent ces modifications afin qu’elles s’imposent à tous. Engager ce virage en faisant le pari d’une véritable concertation locale, même sous la contrainte sanitaire, sera sans doute notre principal vœux en local pour 2022.
1 « Le pré-bilan lorsqu’il sera finalisé sera présenté en Conseil Communautaire et permettra d’étudier les évolutions à venir du SCoT »
2 cf page 45 du rapport et conclusions de la commission d’enquête publique relative au SCoT (novembre 2016)
3 Cf. projet de régie agricole que nous avons formulé au moment des élections cantonales.